lundi 6 juin 2016

Ferme de la Chaux : une French expression of Church ?

Alexandre Sokolovitch, sa famille et la ferme de la Chaux ont été présentés à plusieurs reprises ces deux dernières semaines.
Réforme : http://reforme.net/journal/[reforme-numero-publication]/acces-payant/chretien-alternatifalexandre-sokolovitch
Accueil Radical : http://accueilradical.com/anarchiste-chretien-et-radicalement-inclusif-decouvrez-alexandre-sokolovitch/
Anarchiste, chrétien et radicalement inclusif : découvrez Alexandre Sokolovitch !photo : Accueil radical

Maintenant Kaïros : http://pluzz.francetv.fr/videos/kairos.html

S'agit-il d'une French Expression of Church ?


mercredi 25 mai 2016

FX-digest : Lien paroisse et fresh expression ?




Ça y est, de retour.

Pour les uns, appel des pompes funèbres, les autres des réunions...

Moi, le programme s'annonce chargé, aussi. Rattraper les retards. Bulletin paroissial, accueillir la pastorale générale UEPAL lundi, penser la fête de la paroisse etc.

Mais je veux garder présente cette perspective du stage à Leicester sur les nouvelles formes de vivre en Eglise (Fresh expressions), comme une interrogation de nos pratiques.

Justement : la fête paroissiale... 

Une fête pour la paroisse ou une fête pour la ville, occasion de témoignage ?

C'était toujours un peu des deux. Le premier aspect prédomine, mais l'ouverture est là.

Il y a deux ans, un de nos conseillers presbytéraux (aujourd'hui apprenti-pasteur dans le canton de Vaud !) nous lançait le défi d'ouvrir largement, d'inviter des artistes, des artisans pour des stands, de monter une scène pour permettre aux talents cachés parmi les paroissiens et les autres de s'exprimer.

C'était une belle fête. Mais je me souviens aussi que nous autres conseillers, bien que nous impliquant activement, avions quelques doutes. Finalement, toutes les idées n'ont pas été réalisées, l'affluence n'était pas si bonne (aussi à cause d'un grand événement touristique SlowUp qui nous a incités à changer de date par la suite).

Les doutes concernaient les moyens humains et matériels à mettre en œuvre. Mais personnellement, j'émettais également des réserves sur le sens de la fête. Pour réunir la paroissiens réguliers ou non, vivre un moment de communion ou pour témoigner vers l'extérieur ? Toujours un peu des deux avec une prédominance pour le premier, disais-je plus haut, et je n'ai pas fondamentalement changé d'idée.



Même après avoir lu le compte-rendu d'Aurélie sur Holy Trinity Church, où les responsables misent tout ou presque sur le témoignage, en incitant même à déserter le culte pour laisser la place pour les nouveaux. 

Je pense, au contraire, qu'il est juste d'apprécier les moments de communion. De ne pas oublier dans "service divin" (Gottesdienst), le double aspect : le Christ se fait notre serviteur (lavement des pieds), et ce n'est qu'ensuite que nous pouvons servir Dieu et notre prochain.

Il est intéressant de constater que l'Eglise d'Angleterre, tout en revendiquant le terme d'Eglise façonnée par la Mission, refuse de choisir entre ministère paroissial traditionnel et Fresh expressions. Les deux ont leur place et les deux sont en lien. Mais elle rappelle l'importance la dimension missionnelle de l'Eglise qui, il est vrai, avait tendance à être oubliée faisant ainsi de nos paroisses des clubs pour quelques happy few qui n'étaient d'ailleurs pas si joyeux que cela (voir Nietzsche).


Pouvons-nous, dans chacune de nos paroisses, réfléchir à un domaine où nous sommes ou pouvons être au service du témoignage auprès de nos prochains "lointains", au nom de notre foi (fresh expression) ? Un peu à l'image de cette chapel of industry dans la Cathédrale de Coventry, ouverte sur le monde... ? Et réfléchir, dans nos activités habituelles tournées parfois plutôt vers le soin de la communion interne, à un aspect d'ouverture et de témoignage vers l'extérieur ?

Voilà une manière, me semble-t-il, d'intégrer la dimension missionnelle et de devenir une Eglise de témoins, sans chambouler et faire table rase de tout.

Je retourne à la rédaction des pages paroissiales pour le bulletin consistorial...

Jürgen Grauling

mardi 24 mai 2016

D'ici à chez soi - bilan... provisoire !


Dernier jour...

Demain (mardi), nous retournerons tous dans nos paroisses. Le travail nous happera...

Comment faire pour maintenir la flamme vive ? Comment faire des fresh expressions des FreNch expressions, c'est-à-dire adapter ce qu'on nous avons découvert à notre contexte paroissial français (ou belge).

Nous avons vu une Eglise d'Angleterre façonnée par la mission de Dieu, depuis 2003, qui encourage, suscite et accompagne activement toute sorte de nouvelles formes d'être en Eglise. Le but : atteindre celles et ceux qui n'ont plus aucun contact ou presque avec la foi. Participer activement à la mission de Dieu ! Et ne pas se contenter de fonctionner ou de chercher une animation, un truc pour "faire moderne". Le rapport de 2003 appelle cela "Mission shaped Church" (Eglise façonnée par la Mission).
Dans le diocèse de Leicester, chaque paroisse est appelée à créer au moins une Fresh Expression of Church et un poste de pionnier !

Pendant huit jours, nous avons exploré beaucoup de possibilités. Certaines très proches de nos réalités (petit-déjeuner-culte régulier mais tourné spécialement vers les familles, Messy Church (genre de culte de familles-bricolage) mais visant spécialement les familles qui ne viennent pas habituellement, aux marges ou en-dehors de l'Eglise), certaines plus exotiques ou plus exigeantes.

Avec cette maxime : la Fresh expression EST pleinement Eglise (et pas seulement une activité), c'est le lieu où l'on apprend à croire en Dieu, à se laisser transformer par lui, à être en communion. Sans plaquer nos anciens schémas.

Une Fresh Expression se prépare - souvent longuement - par une double écoute, de Dieu et des besoins de son environnement. En équipe, un petit noyau de volontaires créatifs, souvent laïques, relativement indépendant mais lié à la paroisse.

Vous l'aurez compris, peut-être. Nous ne rentrons pas avec des recettes, plutôt avec un état d'esprit. Vous, paroissiens à la maison, avez-vous envie d'entrer dans cet Esprit "missionnel" ?

Pour cette dernière journée, Nicki, Mads et Stuart de l'équipe de Leicester nous ont donné quelques outils. Pour aller d'ici vers chez nous. Sans que nous nous laissions prendre par le piège de la routine, ni par un enthousiasme fulgurant mais sans souffle long.

Un schéma essaie d'expliquer la dynamique d'une nouvelle initiative d'Eglise (FX/Fresh Expression).
Le voici :


Il se présente en "huit" sur sept phases d'un projet qui va de l'approche du terrain à la réalisation concrète. Pour revenir aux premières phases pour préparer d'éventuels renouveaux ou ajustements.
Toutes les phases ne sont pas obligatoirement animées par les mêmes personnes. Le risque est parfois aussi de "tourner en rond" dans le premier cercle, ou le second. Je n'entre pas plus dans le détail.






Il s'agit également de considérer quatre domaines qui handicapent souvent notre fonctionnement en Eglise :

Le premier point signifie que nos décisions se prennent souvent sans tenir compte de notre foi, notre espérance, notre amour, mais selon des critères "objectifs" : les finances, l'infrastructure etc. Le second concerne la tendance à réduire l'église à l'existant ("petite paroisse, peu personnes au culte..."), sans envisager le futur. Le troisième point nous dit que nous perdons souvent de vue vers qui nous sommes envoyés, ceux qui sont "en-dehors". Enfin, la peur qui paralyse parfois l'action paroissiale.





Nous avons terminé par garnir un arbre des fruits qui ont mûri tout au long de la semaine.


A très bientôt, de retour en France (et en Belgique pour Marc).

Jürgen Grauling





Ce n'est qu'un au revoir - direction : French expressions


Le stage en Angleterre dans le diocèse de Leicester se termine... Demain, un de nos 3 minibus partira à 3 heures car notre avion décolle à 6h30, direction : Nîmes.

Nous ne nous sommes pas quittés sans remettre tout ce qui a été vu, entendu, pensé, imaginé, entre les mains de Dieu, lors d'un culte dans la très jolie chapelle de Launde Abbey.

Après avoir échangé la paix du Christ, nous pouvons repartir encouragés, avec, je le pense, la conviction profonde et rassurante que si nous plantons les bonnes graines dans la bonne terre, c'est Dieu seul qui fera grandir la plante. Peut-être que ce n'est pas nous qui profiterons des fruits. Peut-être, oui... 

Mais ce n'est pas grave.

L'important, c'est d'être à l'écoute de Dieu et du monde. 

L'important, c'est de nous dire que nous pourrons être les moissonneurs de quelque chose qui ne dépend pas entièrement de nous. 

L'important, c'est de se souvenir que c'est Dieu qui est en mission. Et qu'il est primordial que Sa volonté s'accomplisse. 

Si nous mettons en place des Fresh Expressions en France, ce qui est notre rêve deviendra notre joie, et si c'est Sa volonté qui est derrière, alors ça réussira !

Joëlle
 

Méga-church anglicane


Un dimanche matin à Holy Trinity Church.
On l'aime, on l'attend, on le vit à fond : il s'agit là, pour nous pasteurs et membres engagés de nos communautés paroissiales, de notre fameux et ancestral culte du dimanche, temps et lieu de ressourcement, de retrouvailles communautaires, de mémoire et de mise en œuvres de nos principes les plus chers, endroit confortable où les membres de la communauté trouvent tout ce dont ils ont besoin. Ce dimanche, à 10h30, loin de nos communautés et de leurs bâtiments, qui nous ont, bien sûr, un peu manquées, nous avons eu la chance de participer au culte de Holy Trinity Church, une importante paroisse anglicane d'expression évangélique située au cente de Leicester. Notre découverte a débuté avec un culte dominical qui m'a interrogée sur la manière de « rafraîchir » cette manière ancestrale de vivre l'Eglise qu'est notre cher et bon vieux culte.

Un espace pour le vide.
L'assistance au culte est jeune et pourtant, de nombreuses chaises sont vides. Interrogée par cette étrangeté, j'ai appris que le culte n'est pas compris comme le lieu de rassemblement de toute la communauté paroissiale, mais bien plutôt comme un lieu d'évangélisation. Ainsi, ceux qui sont à l'Eglise depuis longtemps sont invités à se retrouver régulièrement ensemble ailleurs, afin de laisser de la place aux « nouveaux » ou aux « débutants ». De la même manière, ceux qui ne se sont pas rassemblés en groupes sont invités à sortir pour une marche priante dans la ville pendant le culte. Alors que nous avons l'habitude de penser le culte en terme de remplissage et d'édification communautaire, j'ai été frappée par cette manière de faire de la place à ceux qui ne sont pas encore présents, nous mettant au passage devant une manière de manière constructive le "non plein" de nos assemblées.

Un espace pour le quotidien.
La personne qui anime le culte souhaite la bienvenue à deux reprises à tous les présents et en particuliers aux nouveaux. Un accueil adapté est réservé aux enfants, accueillis dans des groupes représentés par des logos qui ressemblent à ceux que nous trouvons dans les publicités. Les sièges, confortables, ont tout ce ce qu'on trouve dans divers lieux de travail ou de détente, alors que la vieille église est aménagée de manière pratique et moderne. Au programme du temps de louange, ni Psaumes ni chants de victoire, mais des chants nouveaux, aisés à suivre sur un écran. Tout est organisé pour que l'humain du XXIème siècle se sente en confiance dans un univers qui ne diffère pas radicalement de ce qu'il rencontre habituellement. Nous pensons souvent les formes du culte en termes de tradition ou de principes théologiques. Elles semblent ici pensées en fonction de l'appel que Dieu adresse et qu'il s'agit de faire résonner dans un cadre assez habituel pour que la démarche de confiance qu'implique la foi soit facilitée.

Un espace pour la transformation.
L'église débute une série de prédications sur la vocation. Nous entendons un sermon accessible et intéressant sur le lien entre l'amour inconditionnel de Dieu et notre appel personnel. Le message se terminé par un résumé projeté sur l'écran de ce qu'il est possible de faire concrètement pour progresser dans la mise en œuvre de notre appel au quotidien. Il s'en suivi un « appel » classique à la conversion ainsi qu'un temps de prière personnelle avec la possibilité de recevoir la prière d'un membre de l'église. L'objectif affiché de ce temps est que chacun puisse se laisser transformer par Dieu dans la dynamique mise en avant par le message. Ainsi, alors que le cadre proposé n'est qu'en peu différent de leur cadre quotidien, les personnes sont appelées à changer, à grandir dans le sens tracé par l'enseignement biblique, avec l'aide de Dieu, présent et agissant. La foi n'est ici ni poésie ni montage intellectuel, mais confiance appelée à changer la vie de ceux qui s'y engagent, ce qui interroge l'aspect dynamique et transformant du message que nous partageons en Eglise.

Une dynamique de changement.
Après le culte, nous sommes reçus par John McGingley, le pasteur qui est à l'origine de la réorganisation novatrice de l'Eglise dont nous venons d'observer le principal rassemblement dominical. Ainsi a-t-il été décidé, il y a une dizaine d'années, que les groupes de maisons existants qui visaient le confort de ceux qui s'y rendaient pour recevoir quelques bienfaits spirituels seraient dissous pour être remplacés par des communautés missionnaires. Ces communautés d'une dizaine de personnes ont été chargées de discerner dans la prière leur appel spécifique et d'y répondre en menant des actions pour les autres et en se retrouvant pour des temps de prière et de partage biblique. De cette dynamique ont émergé diverses initiatives tournées vers des publiques spécifiques. Ainsi a-t-il été question d'un groupe tourné vers les parents de jeunes enfants ou d'un groupe de personnes intéressées par l'écologie. Les communautés missionnaires sont scindés pour donner naissance à de nouveaux groupes, lorsque le nombre de personnes rassemblées est trop important pour permettre la croissance du groupe comme des individus.
A la racine de cette méthode admirable par la dynamique d'innovation, de partage et d'adaptation qu'elle met en œuvre se trouve beaucoup de confiance. Ainsi, je pense n'avoir pas été la seule à frémir à l'idée que l'institution dont nous nous percevons parfois comme les gardiens puisse donner à des groupes de personnes une si grande liberté  d'innovation. A l'origine de cette liberté dans les formes, se trouve peut-être une certaine unité quant aux grandes lignes des convictions partagées par les membres de l'église. Ainsi, bien que John McGingley nous ait assuré que tous les groupes ne partageaient pas la même théologie, le culte et les documents qui nous ont été transmis témoignent d'un socle de convictions communes autour des notions de la conversion, de sanctification et d’œuvre du Saint-Esprit. Ainsi se dessine probablement le cadre et le moteur d'une aventure originale : celle d'oser diversement ensemble.


Aurélie Derupt